L’on raconte qu’autrefois en Chine, quand le patient tombait malade, il ne payait pas son médecin. Sur quoi se fondait cette mesure ?
Faute d’immortalité, la longévité
A l’origine, les Chinois avaient fait le rêve de l’immortalité et étaient à la recherche d’une pilule magique. Nombre de récits et légendes relatent la quête de la pilule magique. Celle-ci restant introuvable, les Sages ont alors consacré leurs efforts à obtenir la longévité ou Longue Vie, considérée comme une facette du bonheur humain.
Le premier empereur chinois Qin Shi Huangdi, 247 – 210 av. JC, fondateur de la dynastie Qin, obsédé par la quête de l’immortalité ne cessait de consulter mages et médecins.
Il envoya même une grande expédition composée des plus beaux jeunes gens et jeunes filles de son royaume à la recherche d’un légendaire pays peuplé d’immortels, situé sur une île inconnue afin qu’ils lui rapportent la pilule d’immortalité. Certains suggèrent qu’il s’agissait peut-être du Japon.
*On peut lire cette légende dans le joli roman de Ching Lie Chow : Le concerto du Fleuve Jaune.
L’inégalable prix de la vie
La recherche de pratiques de Longue Vie a naturellement donné naissance à une médecine soucieuse de prévenir la maladie. En Chine ancienne, plus conscient que nous aujourd’hui du prix inégalable de la vie, chacun se sentait personnellement responsable de son entretien. Les exercices de Tai Chi et de Tchi Kong permettaient de veiller à une bonne circulation des souffles et à maintenir une souplesse. La diététique fondée sur les bases mêmes de la médecine chinoise : Yin/ Yang et Cinq mouvements invitait à alterner les saveurs en fonction des saisons et de l’état de l’organisme. Une harmonie de la vie sexuelle avait sa place et son importance. Même des exercices spirituels étaient recommandés, ce à quoi correspond peut-être aujourd’hui l’intéreêt pour la méditation.
Praticien et patients co-responsables
A cette époque, l’on raconte qu’il était courant pour un patient de verser à son médecin le montant d’un abonnement à l’année : les visites étaient établies selon un rythme précis, et entre autres, à chaque changement de saison. Examinant son patient avec régularité, le praticien était en mesure d’établir les points faibles du moment présent et en déduisait les conséquences qui risquaient de se manifester aux saisons suivantes. Prévenant ainsi l’évolution d’une pathologie, il savait indiquer, ou bien un nouvel exercice pour régulariser les souffles, ou bien un conseil alimentaire pour réajuster les besoins en saveurs spécifiques, ou encore il plaçait quelques aiguilles pour rétablir l’équilibre.
Le patient avait confiance en son médecin,
et réciproquement le médecin avait confiance en son malade.
De retour chez lui, le patient ne s’en remettait pas aux seules prescriptions du praticien pour l’entretien de sa santé ou la correction de ses maladies, il avait hérité du savoir qui lui permettait de comprendre d’où venait son problème et de discerner sa part personnelle pour le régler.
Pourquoi ?
Parce qu’ils partageaient la même vision du réel
et parlaient le même langage.
Il est donc tout à fait vraisemblable d’envisager qu’à cette époque si, en dépit des conseils du médecin et des visites régulières, le patient tombait malade, les soins n’étaient plus payants. Le médecin se montrait capable de mettre en cause son savoir et sa compétence et par là même de progresser.
Or, dans nos cabinets occidentaux, nous, praticiens de médecine chinoise nous heurtons quotidiennement à une difficulté : ce que nous disons à notre patient ne correspond pas à ce qu’il entend. Prenons, entre autres, l’exemple du mot Foie. Classiquement, selon le point de vue scientifique moderne, c’est un organe qui a une importante relation avec la digestion. Or, selon la vision médicale chinoise, et tel que l’indique l’idéogramme qui le désigne, il est « Bouclier de l’organisme » et couvre un vaste champ d’énergie très spécifique qu’il est impossible d’expliquer en quelques mots. Pouvons-nous « parler le même langage » ?
Une parole universelle transmise dans un langage spécifique
La médecine chinoise se fonde sur une parole universelle parce que son vocabulaire se sert des mots : Ciel, Terre, Vent, Chaud, Froid, Souffles, Homme… communs au nôtre. Mais par nature, son langage reflète une vision, une pensée, une culture et une époque. En cela, il présente un aspect spécifique.
Cependant, le corps du patient qui retrouve la santé après la pose d’aiguilles, ne comprend-il pas clairement le langage universel de la médecine chinoise ?
Dans notre société, nous avions été éduqués à remettre notre santé entre les mains de la médecine officielle. Tant que nous n’avions pas besoin du médecin, nous nous considérions en bonne santé. Si nous tombions malade, la médecine allait faire le miracle de nous guérir.
Or, depuis plusieurs années, peut-être influencé par l’aspect préventif de la médecine chinoise, le grand public d’Occident a accès à une large information pour entretenir au mieux sa santé et l’on remarque de grands progrès dans la réflexion et l’effort de prise en charge.
Ce qui permet au praticien de médecine chinoise de pouvoir « faire confiance à son patient »
Rythme de séances d’acupuncture
Si l’on en croyait les traités de médecine chinoise publiés pas les hôpitaux de Pékin ou autres centres de Chine, un traitement comprendrait un minimum de 10 séances. Et presque tous les jours.
Nous ne sommes pas en Chine et l’expérience nous a montré que 3 à 5 séances sont en général suffisantes pour traiter un problème ponctuel.
L’expérience nous a également montré que les patients qui se sentent en harmonie avec la médecine chinoise et décident eux-mêmes d’un rythme régulier – 1 fois par mois, 1 fois tous les deux mois, à chaque changement de saison, constatent une véritable amélioration de leur état général et un système immunitaire plus efficace.
Claire Sachsé Fontaine
Acupuncteur
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